J’avais tardé à faire le compte rendu de notre précédente rencontre. aXelle en était fâchée et me convoqua. Il ne devait pas s’agir d’une de nos sessions régulières mais bien d’une séance exceptionnelle de punition. Je reconnaissais ma faute, j’avais bien conscience d’avoir été désinvolte et négligent, et je plaidais moi-même pour que la punition fût sévère, espérant ainsi me faire plus aisément pardonner.
Mais quand le jour fixé arriva, je me sentis moins fier. La nuit précédente, je dormis mal, réalisant avec un peu plus de lucidité, qu’il y avait toutes chances qu’aXelle, mutine et malicieuse comme elle est, allait me prendre au mot. Je fus servi.
Plus que d’habitude encore, j’arrivai bien en avance ; j’occupai le temps inutile à explorer les rayons d’un proche magasin de chaussures, dont le vendeur n’a toujours pas compris ce que je cherchai. Ce ne fut que plus tard, lorsque je hurlerai de douleur sous les coups de canne anglaise qu’aXelle assénait généreusement sur la plante de mes pieds, que je me reconnus une certaine prescience dans cet intérêt pour des chaussures confortables !!!! J’y reviendrai plus tard dans ce récit.
A l’heure dite, je sonnai et descendis l’escalier en colimaçon du Terrier avec l’excitation anxieuse du débutant en natation plongeant d’en haut dans le grand bain.
aXelle m’attendait en bas, rousse, merveilleuse, divine : le dos nu, la taille enserrée dans un magnifique corset pourpre et dentelle noire, une paire de jambes interminables et somptueuses, bas en résille et longues cuissardes pour les mettre en valeur.
Et surtout, le regard, chaleureux, attendri, avec une pointe de hauteur et de cruauté souriante…Frisson garanti pour tout soumis.
Elle m’ordonna de me mettre en tenue ; autrement dit d’enlever toute tenue ; comme d’habitude j’obéis avec hâte, et pour autant le regret de ne pouvoir faire durer cet instant où l’on quitte la vie ordinaire pour entrer dans ce monde trouble et radieux de nos fantasmes, passage étrange et magique dont la nostalgie devient avec le temps une compagne obsédante.
Je fus soumis à l’examen : la propreté, le corps, le poids. La balance ne fonctionnait pas, mais j’avouais loyalement ce que j’avais pu lire le matin même ; c’était assez loin de l’objectif qu’aXelle avait décidé…Bref résultat médiocre ; rien ne viendrait compenser ma négligence initiale quant au compte rendu.
La sentence tomba : ce serait 1 200 coups, avec toutes sortes d’instruments ; la séance allait y passer toute entière. aXelle avait évoqué le projet de me raser le sexe, histoire de marquer clairement mon appartenance ; il fallait, faute de temps, abandonner l’idée, ce qui me navra, tant la perspective de porter, quoique discrètement, ce signe, m’excitait et me flattait.
Mais bon, ce serait 1 200 coups ; aXelle me regardait curieuse, gourmande, inflexible ; et moi, un peu inquiet, mais aussi intéressé à l’aventure, quelque part entre résigné et résolu à faire face.
1 200 coups, c’est quand même beaucoup…Mais il me semble que Maîtresse et soumis communiâmes dans la certitude qu’il n’y avait pas de choix, que ce devrait être ainsi. Nous commençâmes…
Je le confesse, ce fut rude ; je crois même avoir pleuré à quelques reprises, ayant dépassé ce point où la douleur immédiate fait oublier tout le reste, où l’on voudrait que tout s’arrête, mais où tout continue, où une nouvelle douleur vient renouveler, raviver celle dans laquelle on a déjà sombré…C’est le moment où tout chavire, où il n’existe rien d’autre que la sensation immédiate, où l’unité d’un homme se refait au niveau le plus simple, débarrassé de toute pensée inutile ou parasite… Bref une forme d’extase…
Mais tout ne fut pas pour autant à ce point difficile. Et aXelle sut avec une remarquable cruauté alterner des passages somme toute assez bénins, avec des moments plus durs, et ces quelques extrêmes qui resteront.
Il me revenait de compter ; je crois m’être trompé quelquefois, mais je veux dire, qu’avec honnêteté, je revenais dans ces cas-là plutôt en arrière ; qu’aXelle sache que je ne l’ai pas volée…
aXelle tournait autour de moi, s’éloignait, s’approchait, selon l’instrument utilisé et la partie du corps visé. Plusieurs fois, je fus près à la toucher, et elle me laissa alors avec une incroyable générosité embrasser et serrer ses cuisses magnifiques, avec une ardeur encore décuplée par la violente brulure des coups qui s’abattaient sur mes pieds, mes jambes ou mes fesses.
Tous les instruments servirent, toutes les parties de mon corps aussi…
Il y eut le martinet, en différentes versions ; finalement très bénin : appliqué sur tout le corps, le dos, les fesses, les jambes, il active la circulation, enlève les peaux mortes et fait un très efficace et stimulant grattoir. Je le recommande en complément ou à la place d’un banal et honnête massage.
L’élastique sur les pieds, évoqué dans mon précédent récit : simple, facile à transporter et peu coûteux, on enfile le bracelet sur le pied, on tire et on relâche sur la plante des pieds ; l’effet est garanti, très vite insupportable…Si vous n’avez pas idée de la sensibilité de la plante des pieds, essayez…
Pour les amateurs, on peut passer à la canne anglaise ou au fouet sur cette même partie de l’individu… C’est quelque chose ! Avec un avantage : les marques restent cachées…Lorsqu’aXelle m’infligea une série quasi ininterrompue de 100 coups de canne sur les plantes de pieds, nous fûmes à l’un des sommets de la séance ; c’est là que je me mis à crier et pleurer…aXelle eut la bonté de ne pas s’arrêter.
Canne, cravache, fouet sur les fesses, sur l’intérieur des cuisses, sur le dos, il en fallait aussi pour faire 1 200. L’une des cannes se brisa sur la fesse, il n’en reste plus que de quoi faire des allumettes, et j’ai une fesse en sang…
Et puis les seins ; le jeu fut différent : je devais compter jusqu’à 60, et pendant ce temps, aXelle me pinçait, me tordait, me torturait les têtons. Nos regards étaient rivés l’un à l’autre : aXelle guettait dans mes yeux l’expression de la douleur qu’elle m’infligeait et m’exprimait, du moins je le crois, ses encouragements et son appréciation de ma résistance. Et moi, les yeux dans les siens, je voulais lui dire que j’étais heureux de supporter cette douleur par elle et pour elle. Grand moment de communion…
1 200 coups, nous arrivâmes au bout. J’ai du mal à mettre les pieds dans les chaussures, m’asseoir est nettement moins confortable qu’à l’accoutumé, et les bouts des seins n’aiment plus trop la chemise. Je crois somme toute qu’il s’agissait bien d’une punition…
En fait, c’est encore pire ; à l’issue de la séance, aXelle m’a interdit de chercher mon plaisir. Les coups et la frustration…Vraie punition dans la punition. M’autorisera-t-elle et quand à le faire ? A Elle de décider.
Je suis son soumis, j’aspire à lui appartenir, j’ai essayé aujourd’hui de le lui démontrer. Le reste c’est à Elle de décider.
COMMENTAIRE D'AXELLE DE SADE :
Je cherche un nom pour ce nouveau soumis qui débute dans l'appartenance à une maitresse. Baptiser prend du temps car son nom doit coller à sa personnalité, à sa fantasmagorie. Temporairement, il sera l'espiègle maso.
Plus je joue avec lui, plus je découvre ce tempérament maso avoué à demi-mot, à coups d'actes manqués. C'est un soumis très vivant et résistant, dont le bavardage aide une certaine bravoure.
Nous sommes allés loin aujourd'hui et les stigmates sur la peau vont rester quelques jours. Lorsqu'il est remonté à la surface du Terrier, j'ai souri en pensant aux discrètes et cuisantes douleurs qui vont se faire sentir au fur et à mesure que les heures vont s'égrener pour trouver une forme d'apothéose cette nuit, cette nuit, où il pourra prendre son plaisir, très humblement.